Thetford Mines

Description

Cette ancienne gare est le plus vieux bâtiment de la ville de Thetford-Mines. Propriété de la compagnie de chemin de fer Quebec Central Railway, elle est construite en 1878. De style vernaculaire américain, fort populaire dans les Cantons de l’Est après 1850, celle-ci a une architecture sobre. De petites dimensions, 6 mètres de large par 15 mètres de long, elle a deux étages avec un toit en pente douce sans lucarne. Elle est munie de fenêtres à guillotine et ses décorations extérieures sont en bois de style néo-classique. Depuis le début des années 1900, elle est recouverte de bardeaux d’amiante en forme de losange aux pointes équarries, et ce, autant sur les murs que sur le toit. Au cours de son histoire, elle a vécu deux déménagements. Lors de son dernier transfert, où elle fut installée à son lieu actuel, un sous-sol lui a été ajouté.

Au cours de l’histoire, ce bâtiment a eu plusieurs vocations. Il a d’abord été la première gare du Canton de Thetford. Puis, il a servi de salle de réunion pour les fidèles de l’Église méthodiste et même de hangar pour remiser diverses marchandises de la mine Bell. Aujourd’hui, il représente un lieu à vocation culturelle, dont la mission est la promotion, la diffusion et la mise en valeur des arts, de la culture et du patrimoine de la région. Le nom de ce site culturel, la Station des Arts, reflète l’utilisation originelle du bâtiment. L’ouverture officielle de la Station des Arts a eu lieu le 18 avril 2002 en compagnie de madame la ministre Agnès Maltais du ministère de la Culture et des Communications du Québec.

Informations historiques

Au début de la colonisation de la région, les chemins d’accès sont de qualité médiocre. Les premiers chargements d’amiante extraits dans la région sont ainsi acheminés vers les marchés par charrette hippomobile ce qui était long et limitait la quantité d’amiante transportée. À mesure que la mécanisation prend de l’importance dans les exploitations minières, la production d’amiante augmente. Simultanément, le moyen de transport vers les marchés de l’Europe et des États-Unis s’améliore grâce à l’implantation du chemin de fer du Quebec Central Railway en 1878 entre Sherbrooke et Lévis, en passant par Black Lake et Theford Mines. Il est désormais possible de rejoindre l’un ou l’autre des terminus en environ trois heures. De nombreuses gares s’établissent le long du parcours pour desservir les mines d’amiante, de chrome et de talc. Partout, l’implantation de la gare accélère le développement des municipalités et soutient l’accroissement de l’exploitation minière.

Ainsi, à l’époque de sa construction, la gare et ses alentours deviennent rapidement l’endroit le plus animé du Canton de Thetford (1887-1892), de Kingsville (1892-1905) et de Thetford Mines (après 1905) jusqu’à l’érection de la deuxième gare du Québec Central Railway en 1907-1908. Elle est un lieu d’accueil et de rencontre pour les gens du milieu et de l’extérieur, pour les travailleurs, seuls ou avec leur famille, qui viennent chercher un emploi dans les mines. C’était aussi à la gare que partent et arrivent les différents produits, le courrier et les colis postaux, les messages télégraphiques et les voyageurs.

En 1908, la « vieille gare » devenue trop petite, est vendue à la mine Bell Asbestos Mines qui la déplaça du côté opposé de la rue Notre-Dame Sud. Pour le déménagement, la station est déposée sur d’énormes billes de bois, puis tirée par une locomotive de la compagnie. La première gare entreprend alors une nouvelle vocation en servant de local de réunion pour les fidèles de l’Église méthodiste jusque dans les années 1920. C’est à partir de ces « meetings » que les francophones de l’époque, l’ont appelée « la mitaine ».

Durant les années qui ont suivi, la compagnie Bell l’utilise comme hangar pour diverses marchandises. Puis la « vieille gare » est laissée à elle-même, résistant aux assauts des dynamitages miniers et aux intempéries. L’expansion minière, qui provoque le déménagement de la voie ferrée, de la rue Notre-Dame Sud et du quartier Saint-Maurice dans les années 1950, donne finalement lieu à l’isolement de la gare au milieu du stationnement de la mine Bell Asbestos Mines ltd.

À la fin des années 1990, l’affaissement par blocs, pratiqué par la compagnie minière, provoque un fléchissement du terrain en surface et accentue le risque d’effondrement de la gare si elle n’est pas déplacée. L’état général du bâtiment est déjà passablement détérioré et si aucune action n’est entreprise, sa destruction est prévue à brève échéance.

Le Conseil de Ville élu en novembre 1999, décide donc d’intervenir pour préserver le plus vieux bâtiment de son territoire (ayant résisté à l’incendie qui a détruit la quasi-totalité de la mission Saint-Alphonse de Thetford en 1881). Le Conseil de Ville voit dans ce projet, un outil important pour le développement de la culture et du patrimoine et favorisant ainsi la revitalisation du centre-ville. En 2000, la municipalité de Thetford Mines déménage le bâtiment sur de nouvelles fondations près de son point de construction d’origine au centre-ville. L’aménagement paysager et l’installation des rails ont été réalisés en 2003 au coût de 60 000 $.

Source : Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Photos : Gérald Arbour