Rivière-Bleue

Architecture

La gare de Rivière-Bleue, citée monument historique, est une infrastructure d’accueil érigée en 1913 et agrandie l’année suivante. L’édifice en bois de plan en « L », à un étage et demi, est coiffé d’un toit à croupes et à pignon percé de grandes lucarnes. Les murs sont protégés par de larges avant-toits supportés par de grandes consoles. L’une des façades est dotée d’une galerie. La gare est située légèrement en retrait de la rue, sur une faible élévation de terrain, dans le noyau villageois de la municipalité de Rivière-Bleue. Elle est située au 85 rue St-Joseph Nord.

Valeur patrimoniale

La valeur patrimoniale de la gare de Rivière-Bleue repose sur son intérêt architectural. L’édifice s’inspire d’un modèle de petites gares ferroviaires utilisé par la compagnie de chemin de fer National Transcontinental dans l’est du pays, durant la décennie 1910. Ce modèle se caractérise par son architecture pittoresque. Il présente un plan rectangulaire, ou encore en « L » ou en « T », et est surmonté d’un toit à croupes avec des avant-toits débordants. Ce modèle possède au moins deux lucarnes. L’une des deux, rectangulaire ou à pans coupés, surmonte la baie du télégraphiste. Ces gares présentent généralement des consoles de grandes dimensions supportant l’avant-toit. Le modèle du National Transcontinental est repris pour les gares d’Authier et de Macamic, en Abitibi, et celle de Saint-Adelphe, en Mauricie. La gare de Rivière-Bleue est caractéristique de ce type de gares, entre autres, par son plan en « L » et son toit à croupes percé de lucarnes, dont une qui surmonte la fenêtre du télégraphiste. Ce modèle d’infrastructure d’accueil s’est répandu dans plusieurs régions du Québec traversées par le National Transcontinental.

La valeur patrimoniale de la gare de Rivière-Bleue repose également sur son intérêt historique. L’édifice témoigne d’une période de croissance économique et démographique importante de la municipalité. Les débuts du peuplement de la région remontent aux années 1860. Cependant, le développement se fait très lentement à cause de l’isolement du secteur. Vers 1908 s’amorcent les travaux de construction du chemin de fer National Transcontinental. Celui-ci doit relier les provinces maritimes et l’Ouest canadien. La gare de Rivière-Bleue est construite en 1913. Une locomotive inaugure la voie ferrée à l’été de la même année. La construction du chemin de fer entraîne une croissance démographique rapide. Elle suscite une deuxième vague d’immigration en provenance de la Nouvelle-Angleterre, du Nouveau-Brunswick et des régions de Kamouraska et du Témiscouata. Le chemin de fer National Transcontinental amorce aussi une époque de prospérité économique à Rivière-Bleue. Diverses industries s’installent dans la région. Entre autres, la Blue River Lumber Company emploie de nombreux ouvriers jusque vers 1930. La gare de Rivière-Bleue et les maisons construites autour constituent le noyau villageois. L’ensemble illustre l’importance du transport ferroviaire dans le développement de la communauté. Le bâtiment est également l’un des plus anciens qui subsistent dans la municipalité.

Source : Municipalité de Rivière-Bleue, 2007.

Histoire

Les débuts du peuplement dans la région de Rivière-Bleue remontent aux années 1860. Des colons d’origine écossaise venus alors des États-Unis et des francophones originaires de Saint-François-de-Madawaska défrichent les premières terres agricoles. Le développement se fait très lentement à cause de l’isolement du secteur et de l’absence de route carrossable. Vers 1908 s’amorcent les travaux de construction du chemin de fer National Transcontinental devant relier les provinces maritimes et l’Ouest canadien. La gare de Rivière-Bleue est construite en 1913, à Tarte (environ un kilomètre plus au sud que son emplacement actuel). Le territoire est ainsi dénommé en l’honneur de Joseph-Israël Tarte (1848-1907). Celui-ci occupe la fonction de ministre des Travaux publics sous le gouvernement libéral de Wilfrid Laurier (1841-1919). Une locomotive inaugure la voie ferrée à l’été de la même année. Le premier train de passagers s’arrête à Tarte le 4 janvier 1914.

En 1914, la gare est transportée sur son emplacement actuel. Elle est alors agrandie pour y loger le premier chef de gare, Arthur Aubut, et sa famille.

Durant la seconde moitié du XXe siècle, la popularité du transport ferroviaire décroît. Au cours de l’année 1975, la gare de Rivière-Bleue ferme. En juin 1981, l’édifice est acquis à des fins touristiques et muséologiques par la municipalité. La même année, le club d’artisanat local « Riverain » y installe son atelier et sa boutique, qui sont toujours en activité.

La gare de Rivière-Bleue est citée monument historique en 2007.

Source : Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Photos : Monique Bellemare