Noranda

Historique de la gare de Noranda

En 1925, la compagnie Noranda prend la décision d’ériger sur le site de sa propriété Horne une mine, une fonderie de cuivre et une ville. Se pose très tôt le problème de l’aménagement de routes et surtout de voies ferrées. La construction du chemin de fer vers le camp minier de Rouyn conduira à une lutte politique entre le Québec et l’Ontario. Le TNOR (Temiscaming and Northern Ontario Railway) se trouvant à moins de 50 km de la frontière interprovinciale, le gouvernement ontarien entreprendra de prolonger son réseau ferroviaire vers Rouyn avec l’intention de prolonger sa ligne jusqu’au site du développement minier qui deviendra Val-d’Or. Québec s’oppose farouchement à ce projet. Il conteste en Cour suprême du Canada, puis au Conseil privé de Londres le droit du TNOR d’opérer sur son territoire. Le Québec  perd sa cause et le TNOR renonce à étendre sa ligne au-delà de Rouyn.

La gare du TNOR de Noranda fut inaugurée en octobre 1927. La même année, la compagnie construisit une seconde gare à moins de 2 km au sud, sur le territoire de la ville de Rouyn. La voie ferrée entre les 2 gares fut complétée en 1928. Le premier agent de la gare de Noranda fut R.S. Marshall, provenant de l’Ontario. Il résidait tout près de la gare dans une maison construite par le TNOR et qui était toujours en place en 1976.

De 1927 jusqu’à 1979, la gare servait au transport de passagers et à l’express, c’est-à-dire de colis. Un entrepôt à marchandises occupait la partie est de la gare. Si le rez-de-chaussée régulait le trafic de marchandises et de voyageurs, l’étage sous les combles de la gare servit de centrale téléphonique pour les appels interurbains jusqu’aux années 1950. 

Le 26 avril 1979, le CN décidait d’interrompre définitivement le service de trains pour voyageurs Québec-Cochrane et Senneterre-Noranda. Le 27 septembre de la même année, le TNOR décidait lui aussi de mettre fin au service entre Swastika et Noranda puis le 12 octobre, il abandonnait sa subdivision Rouyn. Le bâtiment de la gare changea ainsi de vocation. Il servit principalement de lieu d’entreposage et de bureau administratif pour la compagnie Ontario Northland Railway, et ce jusqu’en 1997 au moment de la fermeture des bureaux. La compagnie céda alors la gare à la ville de Rouyn-Noranda, qui la loua au Centre Bernard-Hamel (une banque alimentaire), puis au projet Jeunesse St-Michel, un groupe qui fournit à des jeunes de 12-17 ans de Rouyn-Noranda l’opportunité d’acquérir une expérience de travail par des activités de bénévolat. Le bail est consenti gratuitement jusqu’en février 2013. La ville peut reprendre l’édifice avec un préavis de 6 mois.

Trois gares ont existé à Rouyn-Noranda et celle de Noranda est la seule restante. Celle du TNOR de Rouyn fut détruite en 1979 et celle du CN en 1989.

Évolution de la gare et travaux

Les pièces du rez-de-chaussée au moment où le train de passagers était en exploitation, probablement jusqu’en 1979, sont les suivantes :

  1. • Billetterie, aussi salle de télégraphe et de contrôle de quai
  2. • Salle d’attente des femmes (à l’ouest)
  3. • Salle d’attente des hommes (au centre)
  4. • Toilette des femmes et des hommes
  5. • Salle des bagages
  6. • Entrepôt de l’express (messagerie) à l’est
  7. • Bureau de l’express

Le sous-sol pour sa part, servait à stocker le charbon et loger la fournaise au charbon qui était reliée à des calorifères à eau chaude. Quatre ouvertures dans le mur de fondation servaient de chutes à charbon.

La gare a connu diverses transformations de ses pièces et appartements de 1930 à 1990.

Architecture

La gare de Noranda possède une architecture de type Régency/Arts et Métiers, ce qui peut paraître contradictoire avec son environnement industriel. En effet, on utilisait ces styles pour des lieux de villégiature. Cependant, les gares du patrimoine industriel nord-américain correspondent bien à ce style architectural, peut-être en raison de la dureté paysagère des lieux industriels. On peut décrire les styles Régency/Arts et Métiers comme ceci :

  1. • Un long rectangle implanté de manière barlongue (le côté le plus long donnant sur la rue) face aux voies ferrées
  2. • Une toiture imposante en pavillon à 4 versants à pente moyenne, percée de lucarnes à pignon lui conférant le style Régency
  3. • Une toiture à la corniche débordante, soutenue par de massives consoles et appuyée sur des corbeaux
  4. • Des ouvertures souvent jumelées, des fenêtres à guillotine à carreaux associées au style Néotudor, mais repris dans le style Arts et Métiers.

Résumé des éléments patrimoniaux à préserver et à mettre en valeur :

Extérieur :

Corps de bâtiment rectangulaire créant une ligne horizontale

Fondations surhaussées

Ouvertures jumelées parfois et fenêtres à guillotine

Triplet de baie pièce du guichetier face au quai

Portes rythmées à intervalles réguliers et presque en vis-à-vis avec les portes côté rue et les portes côté quai

Corniche débordante

Consoles sous corbeaux

Toiture imposante à pavillon, percée de lucarnes à pignons

Aménagement extérieur :

  1. • Porche à pignon sur sur la face latérale est
  2. • Pièce de guichetier en saillie
  3. • Cage d’escalier conduisant aux combles et à la cave

Rez-de-chaussée :

Encadrement à embrasure profonde

Larges moulures de bois vernis

Porte à vantail (panneau mobile qui pivote) coupé donnant sur la salle du guichetier

Ouverture du guichet avec fenêtre à coulisse givrée

Lambris de bois appliqués au mur et sous l’escalier :

  1. • Meuble intégré du guichetier avec tiroirs en bois à prises tirettes en laiton
  2. • Moulures des bois à mi-hauteur, appliquées au mur et à la rencontre des murs/plafonds

Luminaires suspendus

Aménagements :

  1. • Disposition des pièces selon une organisation spatiale typique des gares : guichet au centre et de chaque côté 
  2. • Des salles d’attente des hommes et des femmes
  3. • Bloc de toilettes face au guichet

Étage (combles:

Porte à caisson

Source : Ce résumé a été rendu possible grâce à la collaboration de Jonathan Barrette, historien, qui m’a fait parvenir un document de travail «Étude relative à la citation de monument historique de l’ancienne gare de l’ONR de Noranda».

Photos : Sylvain St-Jean