Montréal

Gare Windsor

Description

La gare Windsor est un ancien terminus de chemin de fer et siège social de compagnie ferroviaire. L’imposant bâtiment formant un plan en « U » est de style néoroman richardsonien. La partie initiale a été construite de 1887 à 1889, et les ailes ont été ajoutées en 1900 et de 1909 à 1914. Les façades sont rythmées par des arcades surmontées d’une arcature en plein cintre, de grandes lucarnes pendantes à pignon découvert et des tourelles polygonales. L’édifice Price (1887-1889) est dominé par une tour de huit étages. L’aile Maxwell se distingue grâce à son porche monumental (1900). L’aile Painter, en forme de « L », comprend une tour de quinze étages : l’entrée principale est aménagée sur un pan coupé surmonté d’un attique de plan circulaire coiffé d’un toit conique (1912). La salle des pas perdus (1913) est remarquable avec son toit de verre et sa façade vitrée donnant sur la cour intérieure. Elle est précédée d’un abri de type Bush. Un abri semblable borde le côté sud de la cour. Celle-ci comprend un aménagement paysager évoquant les anciennes voies ferrées. La gare Windsor s’élève à l’angle sud-ouest de l’ensemble formé par le square Dorchester et la place du Canada. Elle se situe dans l’arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal.

Ce bien est classé immeuble patrimonial. La protection s’applique à l’enveloppe extérieure (soit l’édifice Price, l’aile Maxwell, l’aile Painter et la salle des pas perdus), à certains éléments de l’intérieur (soit le vestibule, la pièce adjacente et le corridor menant à la salle des pas perdus de l’édifice Price, le vestibule de l’aile Maxwell, le vestibule d’angle de l’aile Painter et sa cage d’escalier ainsi que la salle des pas perdus) et à la cour intérieure avec deux abris de type Bush. Cinq objets patrimoniaux classés sont associés au lieu, soit les deux horloges suspendues, le tableau d’affichage, le monument commémoratif « L’Ange de la Victoire » de la salle des pas perdus ainsi que l’horloge du portail de l’aile Painter.

Valeur patrimoniale

La gare Windsor présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. Cette gare est associée à l’une des plus importantes compagnies de chemin de fer du Canada, le Canadien Pacifique (CP). Fondé en 1881, le CP a construit le premier chemin de fer transcanadien. La gare Windsor est érigée de 1887 à 1889 afin de servir de terminus et de siège social à la compagnie. Les ajouts, en 1900 et de 1909 à 1914, des ailes Maxwell et Painter ainsi que de la salle des pas perdus témoignent de l’expansion de cette dernière. En tant que principale gare ferroviaire de Montréal, l’édifice a contribué à faire de la ville la métropole économique et la plaque tournante du transport, de l’industrie et du commerce au Canada pendant un siècle. La gare a été le point de départ de nombreux immigrants désireux de coloniser l’Ouest. Elle a également servi au transport des troupes et du matériel militaire au cours des deux guerres mondiales. Elle symbolise ainsi le prestige du CP et sa place dans l’imaginaire québécois et canadien, de même que la prospérité de Montréal au tournant du XXe siècle. 

La gare présente également un intérêt pour sa valeur architecturale liée au fait qu’elle constitue l’un des plus beaux exemples de style néoroman richardsonien au Québec. Henry Hobson Richardson (1838-1886), un architecte important aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, a réinterprété l’architecture romane des XIe et XIIe siècles. Ses oeuvres ont inspiré son compatriote Bruce Price (1845-1903), concepteur du corps initial de la gare et l’un des principaux diffuseurs du néoroman au Canada. Les ailes dessinées par le Montréalais Edward Maxwell (1867-1923) et l’ingénieur en chef du CP Walter Scott Painter (1877-1957) s’harmonisent avec l’édifice Price et en reproduisent plusieurs éléments. Les volumes et les détails architecturaux massifs de la gare, l’emploi de la pierre à bossage rustique, les éléments décoratifs, de même que le rythme créé grâce aux larges ouvertures cintrées, aux grandes lucarnes à pignon découvert, aux tours et aux tourelles, illustrent le style néoroman richardsonien. Conçue par des architectes renommés, la gare Windsor a marqué le début de l’influence prépondérante de l’architecture étatsunienne au Québec et au Canada.

La gare présente aussi un intérêt pour sa valeur architecturale en tant qu’exemple représentatif des terminus ferroviaires métropolitains. Au tournant du XXe siècle, les gares des grands centres nord-américains présentent une architecture monumentale et élaborée qui s’inscrit dans les styles en vogue. En plus des installations ferroviaires (voies, château d’eau pour alimenter les locomotives à vapeur, salles d’attente, bureaux d’immigration), elles regroupent plusieurs services, dont des espaces de bureaux et des commerces. La gare Windsor témoigne de sa double fonction de gare et de siège social du Canadien Pacifique par son implantation à proximité du square Dominion (aujourd’hui square Dorchester et place du Canada), l’un des hauts lieux de Montréal. Elle symbolise, tant par sa conception intérieure que par son aspect extérieur, l’importance et la stabilité de la compagnie. Par ailleurs, la salle des pas perdus, les abris de type Bush et les grandes aires de circulation sont typiques des infrastructures ferroviaires du début du XXe siècle, qui ont dû se moderniser avec l’arrivée des trains express de luxe et des trains de banlieue. La gare Windsor est représentative des équipements urbains prestigieux érigés dans les grandes villes nord-américaines au tournant du XXe siècle et figure aujourd’hui parmi les icônes du patrimoine montréalais.

Source : Répertoire du patrimoine culturel du Québec

Photos : Gérald Arbour