Description
L’ancienne gare de Trois-Rivières est un édifice public de style Beaux-Arts construit en 1924. Le bâtiment en pierre de taille lisse est composé d’un volume rectangulaire de deux étages et d’une annexe d’un étage, également rectangulaire et disposée en oblique. Les deux corps de bâtiment sont coiffés d’un toit plat. La façade principale, qui borde la rue, possède un portique classique disposé de manière asymétrique par rapport à l’axe central. Ce portique, flanqué de pilastres, orné de colonnes et surmonté d’une horloge, protège l’entrée aménagée en retrait. Une balustrade en pierre parcourt la largeur du volume principal à l’étage supérieur. L’ancienne gare est percée de fenêtres rectangulaires à carreaux et comporte une ornementation sobre. Elle est implantée entre la voie publique et la voie ferrée, quelque peu en retrait du noyau historique de Trois-Rivières.
La gare de Trois-Rivières a été désignée gare ferroviaire du patrimoine en 1990 par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada.
Informations historiques
L’ancienne gare de Trois-Rivières est édifiée en 1924 par la Canadian Pacific Railway Company, ou Canadien Pacifique. Il s’agit de la deuxième gare bâtie sur cet emplacement.
La construction d’une voie ferrée reliant Québec, Trois-Rivières et Montréal sur la rive nord du fleuve débute en 1872. La première gare est inaugurée en 1878 sur la rue Champflour, qui se trouve à l’époque aux limites de la ville, en bordure d’un champ. Ce bâtiment en bois demeure en fonction pendant 46 ans, puis est remplacé en 1924 par l’édifice actuel afin de mieux desservir le réseau au trafic croissant.
De style Beaux-Arts, le nouveau bâtiment est construit avec de la pierre de Deschambault. À l’intérieur, la gare possède un décor sobre et un programme iconographique tournant autour du thème des bâtisseurs, avec notamment un tableau du peintre Adam Sherriff-Scott (1887-1980). La salle des pas perdus est un espace des plus intéressants pour son décor typique de l’architecture Beaux-Arts et employant des matériaux nobles.
En décembre 1985, la gare est acquise par Via Rail Canada et rénovée afin d’en faire une gare intermodale, c’est-à-dire où l’on retrouve divers modes de transport comme l’autocar et le train. Les trains de passagers cessent de rouler sur la rive nord du Saint-Laurent à la fin des années 1980. En 1990, le gouvernement fédéral reconnaît la valeur historique de l’édifice en le plaçant sous la Loi sur la protection des gares ferroviaires patrimoniales.
Le bâtiment conserve sa vocation de gare routière jusqu’en 2000, où il est vendu à la MRC de Francheville qui y loge ses bureaux. À la suite des fusions municipales de 2002, l’ancienne gare devient la propriété de la Ville de Trois-Rivières
Évaluation d’inventaire
Inventaire du patrimoine bâti de Trois-Rivières (2009 – 2010)
Ville de Trois-Rivières
La valeur patrimoniale de l’ancienne gare de Trois-Rivières repose notamment sur son intérêt historique. Dès la première année, les trains transportent plus de marchandises que les bateaux, qui ne peuvent circuler l’hiver. Le train devient donc le moyen de transport privilégié des industries et du commerce. La première gare de Trois-Rivières est inaugurée en 1878 sur la rue Champflour, qui se trouve à l’époque aux limites de la ville, en bordure d’un champ. Le bâtiment en bois demeure en fonction pendant 46 ans, puis est démoli et remplacé en 1924 par l’édifice actuel, construit au même endroit. La deuxième gare, plus spacieuse et d’apparence plus prestigieuse, dessert mieux le réseau au trafic croissant tout en rehaussant l’image du Canadien Pacifique. Elle garde sa fonction d’origine jusqu’au début des années 2000. Durant tout le XXe siècle, l’ancienne gare est un des édifices publics les plus importants et les plus fréquentés de Trois-Rivières.
La valeur patrimoniale de l’ancienne gare de Trois-Rivières réside également dans son intérêt architectural. L’édifice s’inscrit dans le style dit Beaux-Arts, ou renouveau classique. Ce courant de l’architecture publique et institutionnelle, en vogue au début du XXe siècle, s’inspire des formes classiques de la Renaissance tout en les adaptant au goût du jour. La recherche d’élégance et de prestige motive les architectes. À cette fin, l’utilisation de matériaux nobles comme le marbre et la pierre, ainsi que celle d’ornements classiques raffinés comme les colonnes, entablements et corniches sont des caractéristiques communes aux édifices Beaux-Arts. L’ancienne gare de Trois-Rivières est représentative de ce courant par ses lignes épurées, sa composition horizontale, son revêtement en pierre de taille lisse, sa balustrade et son portique à colonnes. À l’instar d’autres gares du Canadien Pacifique, elle se démarque dans le paysage bâti par sa monumentalité.
La valeur patrimoniale de l’ancienne gare de Trois-Rivières repose en outre sur son association avec ses concepteurs. Les plans du bâtiment sont l’oeuvre de la firme d’architectes Ross et MacDonald, une des plus importantes au Canada à l’époque. Les architectes George Allen Ross (1879-1946) et Robert Henry MacDonald (1875-1942), associés à partir de 1913, sont les auteurs d’une multitude d’édifices commerciaux, publics et institutionnels dans la plupart des grandes villes canadiennes. Leurs influences stylistiques sont diverses, mais ils privilégient le style Beaux-Arts pour plusieurs réalisations majeures, comme l’immeuble du Carré Dominion (1928-1930) à Montréal et la Union Station (1913-1927) à Toronto. L’ancienne gare de Trois-Rivières, bien que plus discrète, est caractéristique du travail de la firme d’architectes Ross & MacDonald.
Source : Municipalité de Trois-Rivières, 2010.
Source : Répertoire du patrimoine culturel du Québec
Photos : Monique Bellemare